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INTRODUCTION.
paisible, autant que possible exempte de tous soucis, et de se débarrasser du tracas de leurs affaires. Ainsi n'est-il pas touchant de voir un orfèvre de Paris et sa femme, préoccupés de l'état très précaire de leur fils, devenu aveugle et dans l'impossibilité de se suffire à lui-même, l'avantager pal­lé don d'une maison devant la Grande-Boucherie, avec 5 o livres de rente, attendu, disaient-ils, que leurs autres enfants avaient rt bons moy euls .et industrye de vivre» (n° 2242). Nicole Guédon, seigneur de Presles, était guidé par d'autres raisons, lorsqu'il donnait à son fils, Fiacre Guédon, seigneur de Villepatour, divers fiefs et manoirs représentant tout ce qu'il possédait dans la paroisse de Presles à une lieue à la ronde; c'était à ses yeux une manifestation de l'autorité paternelle, si forte au moyen age, il voulait témoigner à son fils toute sa satisfaction, parce que celui-ci avait cr tousjours obtempéré à ses commandemens, vacqué à l'estude et bonnes meurs, et faict choses agréables audict Guédon, l'aisné, son père n, et dans l'espoir «qu'il fera encore myeulx ci après» (n° 5258).
Tous les parents n'avaient pas cette tendresse et cette sollicitude pour leurs enfants; un exemple de rare inhumanité nous est fourni par l'odyssée lamentable de la veuve d'un bourrelier de Saint-Cloud, attaqué et mortelle­ment blessé près du couvent des Minimes; cette malheureuse, restée en­ceinte, fut odieusement persécutée et dépouillée de tous ses biens par son propre père; restée sans asile et réduite à la mendicité, elle fut charitable­ment recueillie par Ferry Hochecorne, garde de la Monnaie de Paris, qui tint même sur les fonts baptismaux l'enfant dont cette femme accoucha chez lui, et poursuivit en justice la réparation du meurtre de son mari; en reconnaissance de ses soins, la veuve lui fit donation de tous ses biens (n° 3401).
Pour la rareté du fait, on peut signaler une donation faite par une belle-mère à son gendre, procureur au Châtelet, pour lequel elle avait conservé une vive affection après la mort de sa fille, a en faveur et con-templacion du bon traictement qu'il a faict tant à ladicte defuncte, sa fille, que à elle et luy faict encore de présenta, et aussi pour le dédommager de Ia perte de la pratique d'un office de procureur, qui lui avait été pro­mise lors de„son mariage et dont il avait été frustré (n° 536).
Parmi les "contrats portant donation, insinués au Chatelet, plus d'un